Vers le déremboursement progressif de l’homéopathie
Dans d’autres pays européens, la décision du déremboursement de l’homéopathie a été appliquée il y a déjà plusieurs années. C’est par exemple le cas en Angleterre, qui, en 2017 votait la fin du remboursement de l’homéopathie.
En France, l’homéopathie est au centre de nombreux débats scientifiques et médicaux depuis des années. Certains vantant les vertus de cette médecine douce, d’autres désapprouvant l’intérêt médical de ce type de médecine en comparaison à des traitements classiques ou à des traitements placebo.
Alors comment a été tranchée la question du déremboursement de l’homéopathie, et qu’est-ce que cela implique ? 3S Santé fait le point sur la situation :
Qu’est-ce que l’homéopathie ?
L’homéopathie est un concept médicinal né à la fin du XVIIIè siècle suite aux recherches de Samuel Hahnemann, médecin allemand. Il met au point la théorie selon laquelle l’homéopathie permet de stimuler le corps à se soigner lui-même.
Pour cela il existe aujourd’hui différents types de remèdes homéopathiques. Que ce soit sous formes de granulés de saccharose à faire fondre sous la langue, des gouttes à diluer dans de l’eau ou encore des gels et pommades à appliquer sur la peau.
L’homéopathie est utilisée en grande partie pour les petits problèmes du quotidien grâce à des remèdes achetés sans prescription, directement chez le pharmacien.
Pour mettre au point l’homéopathie, les médecins homéopathes se basent sur deux principes :
Le principe de similitude
Selon le docteur Hahnemann, pour guérir les symptômes de la maladie, il est efficace de donner au patient une dose très faible de produit. Produit qui pourrait lui donner les mêmes symptômes s’il était en bonne santé. Autrement dit, « soigner le mal par le mal ».
Le principe de dilution
L’homéopathie se base également sur le principe de dilution grâce à la « loi des infinitésimales ». Ainsi, après un processus de dilutions successives et d’agitations, la substance obtenue contient une très faible concentration en principe actif végétal, minéral ou animal.
Les étapes du déremboursement progressif de l’homéopathie
Le remboursement de l’homéopathie est revenu à la table des discussions du Ministère de la santé l’an dernier.
Alors que le taux de remboursement des traitements homéopathiques avait été fixé à 65% en 1984, ce type de médecine a progressivement a été déremboursé depuis. Passant à 35% en 2003, puis à 30% en 2010, la décision a été prise de cesser le remboursement de l’homéopathie d’ici 2021.
Une période de transition a été établie en 2020 afin de laisser aux patients « le temps de la pédagogie » et de permettre aux industriels comme les laboratoires Boiron, Rocal-Lehning, Weleda … de s’organiser.
Ainsi, depuis le 1er janvier 2020, l’Assurance Maladie ne rembourse plus les produits homéopathiques qu’à hauteur de 15%. Le taux de remboursement tombera finalement à 0% dès le 1er janvier 2021.
Pourquoi dérembourser l’homéopathie ?
Durant plus de 9 mois, la Haute Autorité de Santé (HAS) a étudié avec soin le sujet de l’homéopathie et de son remboursement par la Sécurité Sociale.
Après avoir analysé minutieusement 1200 substances homéopathiques, 1000 publications scientifiques et autres contributions et documents apportés par des parties prenantes ou des laboratoires pharmaceutiques, la commission de transparence de l’HAS a estimé que les produits homéopathiques conçus à partir d’extraits dilués ne présentaient pas une preuve réelle de leur efficacité pour justifier un remboursement.
A l’été 2019, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn a donc suivi ces recommandations et a annoncé le déremboursement progressif de l’homéopathie le mardi 9 juillet 2019. Le décret a ensuite été validé le 30 août 2019. Enfin, deux arrêtés ont été publiés au Journal Officiel le 8 octobre 2019.
Les remboursements ne seront donc plus valables pour :
- Les traitements aux teintures mères et les spécialités diluées de 1 DH à 30 CH
- Les préparations médicamenteuses homéo sous forme de granules, de doses, de solutions buvables en ampoules, en pommades, en gouttes, en suppositoires et en comprimés.
Quel budget annuel pour l’homéopathie ?
En 2017, le marché français de l’homéopathie représentait près de 620 millions d’euros d’après OpenHealth*.
D’autres chiffres fournis par la Caisse d’Assurance Maladie indiquent que le coût du remboursement des produits homéopathiques en 2016, s’élevait à 128.5 millions d’euros, l’équivalent d’1% du budget médicament de l’Assurance-maladie.
Ce budget sera donc peu à peu réalloué à d’autres types de médicaments et traitements.
* Données issues des ventes de plus de 10 700 pharmacies d’officine en France en 2017.
Vous trouverez de l’homéopathie chez votre pharmacien
Déremboursement n’implique cependant pas interdiction. En effet, même si la sécurité sociale ne prendra plus en charge une partie du prix des remèdes homéopathiques, il vous sera toujours possible d’en demander à votre médecin généraliste ou à votre pharmacien d’officine.
Arnica montana, Cocculine, Rhinallergy, Ignatia amara, Oscillococinum … Toutes ces préparations continueront d’être fabriquées par les laboratoires et à être distribuées dans les pharmacies pour répondre aux besoins divers des français. Les Français sont en effet les plus grands consommateurs d’homéopathie du monde. En effet, plus de 33% de notre population utiliserait de temps à autre de l’homéopathie pour soulager certains maux et se soigner.
Il est cependant certain que le prix de ces produits augmentera sensiblement. D’une part, car leur taux de TVA passera de 2.10% (taux particulier conclu pour les médicaments remboursables par la Sécu) à 10%. D’autre part, ces médicaments homéopathiques ne feront plus l’objet d’un encadrement par le Comité économique des produits de santé, leur prix sera dorénavant fixé librement. Pour contrer la baisse du volume de vente, les fabricants opteront donc probablement pour une hausse des prix.
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