Les pharma-formations de Mathilde : Le sevrage tabagique
Avec les pharma-formations de Mathilde, 3S Santé vous apporte des conseils à appliquer en officine. Des articles techniques qui pourront vous être utiles au quotidien
– Mathilde, Pharmacienne expérimentée
Le tabac contient de nombreuses substances toxiques dont les deux plus nocives sont le monoxyde de carbone et les goudrons. De plus, sa consommation entraîne une dépendance physique (irrésistible envie de fumer), psychologique (plaisir procuré) et comportementale (réflexe). Son arrêt apporte donc immédiatement des bénéfices pour la santé.
Évaluer le degré de dépendance au tabac du patient
Au comptoir, le test de Fagerström simplifié permet d’évaluer la dépendance physique en deux questions :
- Au bout de combien de temps après votre réveil avez-vous envie de fumer la première cigarette ?
- Combien de cigarettes fumez-vous par jour ?
Si la première réponse est « dans la première heure qui suit le lever » OU si la deuxième réponse est « 20 cigarettes ou plus », il y a une dépendance physique. Dans ce cas, les substituts nicotiniques peuvent être utiles.
L’objectif du traitement est de soulager les symptômes de sevrage et de rendre ce dernier plus confortable. La teneur en nicotine d’une cigarette fumée est estimée à 1 mg. Donc en fonction du nombre de cigarettes fumées par jour par le patient, on peut établir quel patch et/ou gomme ou pastille conseiller.
Les médicaments et dispositifs médicaux de sevrage tabagique
Les dispositifs transcutanés
Les patchs existent en deux durées de libération de principe actif : pendant 24 heures ou pendant 16 heures. Ceux de 24h se changent le matin, sans interruption de diffusion de principe actif. Ceux de 16h se posent le matin et s’enlèvent le soir avant le coucher. Cela permet de ne pas avoir de diffusion de nicotine pendant la nuit, celle-ci pouvant être responsable de troubles du sommeil.
Les patchs s’appliquent sur une peau propre et sèche avec une pilosité rare (haut du bras par exemple) en changeant chaque jour l’emplacement, pour éviter une réaction cutanée.
Pour les patchs sur 24h, il est conseillé de rester un mois sous le même dosage, puis, si le patient se sent prêt, de diminuer de palier et ainsi de suite.
Pour les patchs sur 16h, il est recommandé de commencer avec le premier dosage pendant 8 semaines, puis de diminuer de palier par période de 4 semaines.
Sur 24h | Équivalence | Sur 16h |
21mg + 14mg | <=> | 25mg Nicorette skin |
21 mg NiQuitin Patchs | <=> | 15 mg Nicorette skin |
14mg Nicopatch lib | <=> | 10mg Nicorette skin |
7mg Nicotinell | <=> | Pas d’équivalence |
Les formes orales
Si malgré l’utilisation de patch, le patient ressent encore une envie de fumer ou s’il fumait peu de cigarettes par jour, on peut lui conseiller une administration de nicotine par voie orale.
Les gommes à mâcher ne sont pas à confondre avec des chewing-gums. On craque la gomme avec les dents et on la place contre la muqueuse buccale pour que la nicotine puisse rapidement diffuser dans la circulation sanguine. Et de temps en temps, on change de côté. Si la gomme est tout de suite machée, la nicotine est avalée et va causer des troubles digestifs.
Les pastilles et comprimés à sucer sont à laisser fondre lentement dans la bouche en les changeant régulièrement de place.
Les comprimés sublinguaux sont à placer sous la langue et à laisser fondre.
Les sprays buccaux permettent de pulvériser 1 mg de nicotine dans la bouche à chaque pression
Les formes inhalées
Chaque cartouche est dosée à 10 mg. À chaque inhalation, la nicotine se dépose en majorité sur la muqueuse buccale et non pas au niveau des bronches (comme pour les cigarettes). Le patient ne doit pas dépasser 12 cartouches par jour
La situation de surdosage ou sous-dosage
En cas de sous-dosage en nicotine, le patient ressentira des signes de manque tels qu’une forte envie de fumer, de l’irritabilité, des troubles du sommeil, de l’agitation, un sentiment d’impatience ou des difficultés à se concentrer. Ce sont les symptômes de la dépendance physique qui se manifestent.
En revanche, en cas du surdosage, il pourra avoir des nausées, douleurs abdominales ou une diarrhée, une salivation excessive, transpirer, des maux de tête ou étourdissements voire une sensation de faiblesse générale.
La prise en charge par l’assurance maladie
Depuis le 1er janvier 2019, les substituts nicotiniques sont pris en charge par la sécurité sociale à 65%, sur présentation d’une prescription médicale établie par un médecin, une sage-femme, un infirmier, un chirurgien-dentiste ou un masseur-kinésithérapeute.
Les compléments alimentaires à associer lors d’un sevrage tabagique
Les substituts nicotiniques sont efficaces pour soulager les symptômes liés à la dépendance physique. En revanche, ils n’ont pas d’action sur la dépendance psychique. C’est en cela que les compléments alimentaires ont leur utilité. L’arrêt de la cigarette peut, en plus de l’irritabilité et de l’anxiété, entrainer des troubles du sommeil et de la concentration, une augmentation de l’appétit et des problèmes digestifs comme de la constipation. La toux qui accompagne le sevrage est également normale. C’est le signe que les cils de la muqueuse bronchique, anciennement paralysés par les goudrons, se remettent à fonctionner et à éliminer les sécrétions bronchiques.
Le kudzu a montré son efficacité pour réduire la consommation de tabac grâce à ses propriétés relaxantes et apaisantes. L’ashwagandha (ginseng indien) est une plante adaptogène, elle a un effet relaxant en cas de stress et aide à avoir un sommeil réparateur.
Elle est en revanche contre-indiquée chez la femme enceinte et les patients ayant une hyperthyroïdie.
Nicorelay est composé de passiflore qui favorise un sommeil long et réparateur et de zinc qui en plus d’aider au bon fonctionnement du système nerveux central, participe à calmer l’anxiété et la nervosité.
Synapsyl® du laboratoire NHCO est un complément alimentaire complet pour l’équilibre nerveux. Il contient un mélange d’acides aminés (L-phénylalanine, taurine, L-tryptophane) et de vitamines du groupe B (B3, B6 et B12) qui aident à réduire la fatigue.
La rhodiola et l’éleuthérocoque sont des plantes adaptogènes, le bacopa participe à augmenter la résistance de l’organisme face au stress. Et enfin, l’aubépine et la valériane ont des propriétés relaxantes et favorisent un bien-être mental.
Le laboratoire Pranarôm propose trois compléments alimentaires dans sa gamme Aromastop :
- Les capsules Forte – soutient global : elles sont composées d’huiles essentielles de lavande vraie (relaxante, aide à lutter contre le stress et la déprime), de menthe poivrée (tonique et stimulante, palie les difficultés de concentration) et de sauge à feuilles de lavande (stimulante cognitive, limite la fatigue mentale et stabilise l’humeur). La posologie est d’une capsule matin et midi.
- Les gommes à mâcher à libération rapide : elles contiennent également les huiles essentielles de lavande vraie et de menthe poivrée ainsi que celle de menthe verte (limite la nervosité et les envies compulsives), de romarin à cinéole (lutte contre les difficultés de concentration et aide à mieux respirer) et de mandarine (tonique digestive et laxative douce). La posologie est de 8 gommes par jour maximum.
- Le spray instant à libération rapide : composé d’huiles essentielles de poivre noir (administré en inhalation par la bouche, il aide à réduire l’envie de fumer), de capaïba (a un rôle potentiellement bénéfique contre les addictions), de menthe verte (relaxante) et d’eucalyptus radié (lutte contre la toux, dégage les voies respiratoires). La posologie est d’une pulvérisation par prise, à répéter jusqu’à 10 fois dans la journée.
Chez la femme enceinte ou allaitante, il n’est pas recommandé d’utiliser ces compléments alimentaires. En revanche, les substituts nicotiniques sont conseillés.