Le rôle du pharmacien auprès des patients épileptiques
L’épilepsie est aujourd’hui encore une condition neurologique qui rend le quotidien difficile et parfois imprévisible. Les pharmaciens d’officine jouent un rôle crucial de soutien et d’accompagnement des patients épileptiques dans leur vie quotidienne. 3S Santé revient sur ce qu’implique ce problème de santé et comment le pharmacien met son expertise à disposition des patients atteints d’épilepsie.
Vivre avec l’épilepsie en France
Qu’est-ce que l’épilepsie ?
L’épilepsie est une maladie neurologique complexe considérée comme une maladie chronique. Elle se caractérise par une perturbation momentanée de l’activité électrique des cellules nerveuses du cerveau qui entraîne une « crise d’épilepsie ». Les décharges épileptiques peuvent avoir lieu dans différentes zones du cerveau, c’est pourquoi on peut observer différentes formes de crises d’épilepsie.
Chaque typologie de crise d’épilepsie présente des symptômes spécifiques :
Les absences
Ce sont les crises épileptiques les plus courtes (entre 10 et 20 secondes). Lorsque cela arrive, la personne stoppe brutalement sa conversation ou activité et son regard est dans le vide. Elle n’est pas capable de réagir à son environnement direct. Après coup, elle n’a pas conscience de ce qui vient de lui arriver et reprend le cours de sa vie.
La crise d’épilepsie partielle simple
On observe aucune modification de la conscience, mais des symptômes divers:
- Spasmes musculaires sur un membre ou une moitié du corps (aussi connus sous le nom de convulsions ou de « mouvements tonico-cloniques »)
- Picotements, fourmillements ou sensations anormales dans un membre
- Déviation de la tête et des yeux
- Gesticulations inhabituelles et répétées
- Troubles du langage
- Hallucinations (visuelles, auditives, gustatives ou olfactives)
- Sensation de déjà-vu ou déjà-vécu
- Signes végétatifs (salivation, apnée respiratoire, emballement de la fréquence cardiaque…)
Le patient peut donc décrire ses symptômes
La crise d’épilepsie complexe
Aux précédents symptômes s’ajoutent …
- État de conscience altéré, rupture avec l’environnement et le réel
- Amnésie concernant la crise (ne sera pas en mesure de décrire ses symptômes)
- Gestes automatiques ou comportements moteurs incohérents (grattage, mâchonnement, déboutonnage, agrippement, pourléchage …)
La crise d’épilepsie toniclonique
Il s’agit de la crise d’épilepsie telle que la plupart de la population se l’imagine. La perturbation de l’activité électrique entraîne une excitation des neurones dans plusieurs zones du cerveau en même temps (les 2 hémisphères). Cette crise se déroule en 3 étapes distinctes avec des signes cliniques qui évoluent :
Phase 1 : Tous les muscles du corps se contractent. Il n’est pas rare que le patient se morde la langue. Cette étape peut paraître impressionnante mais de dure pas plus d’1 à 2 minutes
Phase 2 : La personne est ensuite prise d’une série de contractions musculaires irrégulières et diffuses qui s’apparentent à des convulsions. La respiration peut être alors coupée. Cette étape dite « clonique » cesse au bout d’une vingtaine de secondes.
Phase 3 : Le corps de la personne connaît alors un relâchement musculaire total (parfois avec perte d’urines). La respiration reprend bruyamment.
Les causes de l’épilepsie
L’épilepsie peut toucher tout le monde quel que soit l’âge, le sexe, de milieu social, d’intelligence ou d’origine ethnique.
Plusieurs causes peuvent expliquer l’apparition d’une crise d’épilepsie :
- Lésion du cerveau : traumatisme crânien, AVC, tumeur cérébrale …
- Origine génétique : anomalie sur un ou plusieurs gênes
- Malformation congénitale
- Maladie infectieuse du système nerveux : encéphalite, méningite …
- Maladie systémique : lupus, sevrage, alcoolisme chronique …
- Anomalie métabolique : hypoglycémie, hyponatrémie, hypocalcémie …
- Intoxication : au monoxyde de carbone, drogues …
- Prise de médicaments épileptogènes : antidépresseurs, neuroleptiques, lithium …
Il arrive toutefois que les professionnels de santé ne trouvent pas l’origine d’une crise d’épilepsie.
Chiffres clés sur l’épilepsie
2ème maladie neurologique la plus courante après la migraine
50 millions d’êtres humains sont touchés par l’épilepsie dans le monde
600 000 personnes sont atteintes d’épilepsie en France
50% d’entre elles ont moins de 20 ans
5% de la population peut potentiellement déclencher une crise d’épilepsie à tout instant
Dans 70% des cas, un traitement médicamenteux permet d’empêcher la survenue de crises
12 février 2024 : Journée internationale de l’épilepsie
D’autres chiffres sur l’épilepsie sont à retrouver sur le site de la Ligue Française contre l’épilepsie
Comment poser le diagnostic de l’épilepsie ?
Une crise unique ne signifie pas qu’on souffre d’épilepsie car il est possible que cela ne se reproduise plus jamais. Cependant, suite à un premier épisode épileptique il est très important de consulter afin de procéder à différents examens médicaux.
Pour poser le diagnostic, le médecin procèdera d’abord à une série de questions sur le déroulement de la ou les crises précédentes et se renseignera également sur d’autres symptômes et les antécédents médicaux du patient.
Ensuite, il commencera son examen médical par la recherche d’éventuels hématomes ou signes de traumatisme tels que des contusions suite à une chute ou bien une morsure de la langue. S’en suivra un examen neurologique.
En fonction des résultats obtenus, le médecin décidera ou non de confirmer le diagnostic en réalisant un électroencéphalogramme, une IRM et parfois des analyses sanguines.
Comment réagir quand une personne fait une crise d’épilepsie ?
Si une personne se met à convulser devant soi, il est important d’avoir des bons réflexes pour la protéger d’elle-même et de son environnement :
- Installer la personne en Position Latérale de Sécurité (PLS) et débarrasser l’espace autour d’elle
- Protéger la tête en disposant un coussin ou un vêtement plié en dessous
- Enlever les lunettes si elle en porte
- Desserrer ses vêtements au niveau du col (écharpe, foulard…) ou de la taille (ceinture)
- Ne pas tenter de retenir les mouvements compulsifs au risque de causer des blessures
- Ne rien mettre dans la bouche de la personne et ne pas lui donner à boire
La crise devrait se passer d’elle-même et la personne reprendre le cours de sa journée.
Il n’est pas nécessaire de contacter les secours, sauf dans les 3 cas suivants :
- La crise d’épilepsie dure plus de 5 minutes
- La crise se répète, sans retour à l’état normal
- Après la crise, la personne reste inconsciente plus de 10 minutes
L’entourage d’une personne épileptique doit particulièrement être bien formée à la prise en charge en cas de crise. Cependant, la population générale doit également être en mesure de réagir de la bonne façon si besoin.
Les missions du pharmacien auprès des patients épileptiques
En tant que professionnel de santé de proximité, le pharmacien est en première ligne pour accompagner les patients quelle que soit leur pathologie. Il assure donc un rôle clé auprès des patients épileptiques.
Délivrer des traitements contre l’épilepsie
Le pharmacien est responsable de la délivrance des traitements antiépileptiques prescrits par le neurologue. Dans les médicaments antiépileptiques classiques on retrouve le Phénobarbital, le Valproate de sodium, les Benzodiazépines, la Carbamazépine et la Phénytoïne. Leur but est de diminuer l’excitabilité des membranes neuronales.
Il existe aussi des médicaments complémentaires comme le Vigabatrine, la Tiagabine ou la Gabapentine.
Informer sur les effets secondaires
Les produits pharmaceutiques utilisés pour traiter l’épilepsie peuvent provoquer des effets secondaires modérés à graves.
Le pharmacien d’officine doit donc avertir le patient des éventuels risques, afin que ce dernier signale tout événement indésirable.
Les médicaments contre l’épilepsie peuvent :
- Entraîner une prise de poids, des éruptions cutanées …
- Diminuer l’efficacité d’autres traitements (la contraception hormonale par exemple)
- Être interdits en cas de grossesse
Si le traitement n’est pas bien toléré, le neurologue pourra rechercher d’autres options thérapeutiques. Les médicaments de nouvelle génération tendent à réduire les effets indésirables et à améliorer la qualité de vie des malades.
Être vigilant quant aux interactions médicamenteuses
Le pharmacien doit éduquer le patient à l’importance de son traitement antiépileptique et en assurer l’observance. Tout changement dans le traitement doit être progressif. Un arrêt soudain est fortement déconseillé.
De même, en cas d’autres pathologies ou maux occasionnels, le pharmacien doit vérifier que les traitements sont bien compatibles afin d’éviter toutes interactions médicamenteuses.
Le professionnel d’officine doit également rappeler à son patient de ne pas recourir à l’automédication, mais plutôt de demander conseil en cas de besoin afin de ne pas consommer de produits contre-indiqués.
Rappeler des conseils sur l’hygiène de vie
Le quotidien n’est pas toujours simple quand on souffre d’épilepsie. Néanmoins, certaines bonnes habitudes peuvent aider à mieux vivre avec sa maladie et renforcer l’efficacité des traitements :
- Alimentation équilibrée, riche en calcium et vitamine D
- Proscrire les produits excitants (alcool, tabac, café, thé…) et les drogues (cocaïne, amphétamines…)
- Faire du sport
- Avoir un bon sommeil
- Conserver des horaires réguliers pour les repas et le sommeil
- Rester vigilant sur l’exposition excessive à des lumières ou lumières clignotantes
Les pharmaciens et leurs équipes d’officine accompagnent les Français atteints d’épilepsie ou de toute autre maladie. Ils sont là pour délivrer les traitements, mais aussi rassurer, donner des conseils et aider à mieux vivre avec leur pathologie.
Chez 3S Santé, nos professionnels d’officine sont formés et expérimentés afin de prendre en charge les patients, quels que soient leurs problèmes de santé. Notre agence d’emploi permet aux titulaires d’officine de recruter des pharmaciens, préparateurs et étudiants en pharmacie.
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