Le rôle du pharmacien dans la lutte contre l’antibiorésistance
L’antibiorésistance est un phénomène qui alerte de plus en plus de professionnels de santé. Aujourd’hui en effet, certains traitements par antibiotique comme l’Amoxicilline, la Ciprofloxacine ou l’Augmentin ont perdu de leur efficacité pour lutter contre des infections. A noter que le pharmacien et autres professionnels de l’officine peuvent avoir un rôle prépondérant dans la lutte commune contre l’antibiorésistance. 3S Santé vous explique comment dans cet article !
Les antibiotiques et l’antibiorésistance
L’histoire de la découverte de l’antibiotique
Dans les années 1930, la médecine prend un tournant révolutionnaire grâce aux découvertes du biologiste Alexander Fleming.
En effet, c’est par une expérience hasardeuse que Fleming découvre le pouvoir d’un champignon microscopique contre des bactéries laissées dans une boîte de Pétri. Les capacités de la Pénicilline sont alors mises en lumière, d’abord contre les staphylocoques, puis contre les bactéries responsables de maladies comme les pneumonies, les méningites, la scarlatine ou encore la diphtérie.
D’autres chercheurs complètent ses travaux et parviennent à étendre l’application de la pénicilline et d’autres antibiotiques dans le monde médical et thérapeutique à partir de 1941.
Qu’est-ce que l’antibiorésistance ?
La résistance aux antibiotiques, communément connue sous le nom d’antibiorésistance est le fait que les traitements antibiotiques fournis pour soigner une infection bactérienne ne soient finalement plus efficaces. Cela en raison d’une évolution et d’une meilleure défense des bactéries contre l’action des antibiotiques.
Néanmoins, c’est un phénomène qui n’est pas nouveau. Depuis toujours, les bactéries évoluent et s’adaptent pour combattre naturellement des champignons ou d’autres types de bactéries.
Mais alors pourquoi est-ce si inquiétant ?
Prendre conscience des risques de l’antibiorésistance
Des patients de plus en plus difficiles à soigner
Lorsque l’infection d’un patient résiste fortement à divers types d’antibiotiques, la durée des soins s’allonge, le coût de la prise en charge augmente et l’intervention d’un spécialiste peut être requise.
Il est en effet de plus en plus difficile de s’attaquer et d’éliminer ces bactéries multirésistantes.
Pourtant, certaines situations nécessitent des antibiotiques efficaces. C’est par exemple le cas pour des opérations chirurgicales lors desquelles les risques d’infection sont élevés ou encore lors de complications de certaines maladies en raison d’autres pathologies chroniques.
Des pathologies impossibles à traiter
Dans les cas les plus sévères d’antibiorésistance où plus aucun traitement antibiotique ne parvient à freiner l’infection par ces superbactéries, les médecins sont parfois sans alternative. Aucune solution thérapeutique n’est disponible et la situation du malade se détériore comme s’il était revenu avant 1930.
13 000. Ce chiffre n’est pas très connu du grand public, mais peut toutefois être choquant lorsqu’on sait qu’il représente le nombre de décès imputables au problème d’antibiorésistance.
Lutter contre l’antibiorésistance dès l’officine
Sensibiliser les patients à la résistance aux antibiotiques
Depuis le début des années 2000 l’Assurance Maladie a pris le problème de résistance à bras le corps en mettant en place des campagnes de Santé Publique dont on se souvient encore aujourd’hui :
« Les antibiotiques, c’est pas automatique », mais aussi « Les antibiotiques, utilisés à tort, ils deviendront moins forts ! »
Elles ont d’ailleurs eu un impact important auprès des Français car pendant plusieurs années la consommation d’antibiotiques s’est réduite. Cependant, depuis plus de 10 ans ces médicaments sont à nouveau utilisés intensément.
Il est donc important de continuer à sensibiliser les Français sur les problématiques d’antibiorésistance. Notamment lors de leur passage en pharmacie pour la délivrance de leurs ordonnances. Le pharmacien est aux yeux de la population un professionnel de santé de confiance, ses conseils sont donc entendus avec intérêt.
Veiller au respect des prescriptions médicales
Lorsque qu’un patient vient chercher son traitement en pharmacie, à la suite d’une consultation chez son médecin, le rôle du pharmacien est bien entendu de lui délivrer les produits prescrits. Mais également d’expliquer aux patients la posologie de son traitement et les interactions médicamenteuses possibles…
De manière à limiter au maximum les risques de résistance des bactéries aux antibiotiques du marché, le pharmacien se doit de rappeler au patient de respecter scrupuleusement son ordonnance. Cela, en prenant la bonne quantité d’antibiotiques, durant le nombre de jours recommandé. En effet, trop de patients ont tendance à arrêter leur traitement prématurément en voyant leurs symptômes disparaître.
Le pharmacien prend donc le temps d’indiquer toutes ces informations sur les boîtes de médicaments afin de faciliter la prise du traitement par le patient une fois à domicile.
Détourner les patients des pratiques de l’automédication
L’automédication peut en partie être responsable de la résistance accrue des bactéries aux diverses familles d’antibiotiques. En effet, après un traitement, les Français ont tendance à conserver les médicaments dans leur armoire à pharmacie et à les réutiliser ultérieurement sans consulter à nouveau leur médecin.
Cependant, l’usage des médicaments en automédication est souvent inapproprié. De plus, les quantités restantes de médicaments ne permettent pas d’agir efficacement pour éradiquer la totalité de l’infection. La conséquence est alors que les petites bactéries sont éliminées, mais les plus résistantes sont toujours présentes dans l’organisme.
La plupart des personnes pratiquant l’automédication ne perçoivent pas le danger de cette pratique. Les pharmaciens d’officine doivent donc les informer de ces risques pour les en détourner progressivement.
Favoriser le recyclage des médicaments en pharmacie
Lors de leur visite en officine, le pharmacien ou préparateur en pharmacie peut par ailleurs proposer aux patients de rapporter leurs médicaments non utilisés en pharmacie à la fin de leur traitement. Tout d’abord, cela diminuera le risque d’automédication. Cela permettra également à une compagnie spécialisée telle que Cyclamed de récupérer les antibiotiques afin de les éliminer proprement.
Lorsque les médicaments sont jetés dans les ordures ménagères ou dans les toilettes, ils peuvent devenir polluants pour les nappes phréatiques. Mais également tomber en contact avec de multiples bactéries, qui développeraient, ici encore, des mécanismes de résistance contre ces antibiotiques.
Pour éviter cela, c’est simple. Les patients ont tout simplement à faire un tri régulier dans leur armoire à pharmacie. D’un côté ils peuvent jeter tout ce qui est emballages en carton et notices en papier. De l’autre, ils rassemblent dans un sac les plaquettes de médicaments périmés et non utilisés pour les déposer en pharmacie lors de leur prochaine visite.
>> En savoir plus sur la péremption des médicaments
Les autres pistes pour faire face à l’antibiorésistance
La recherche de nouveaux antibiotiques
Les scientifiques poursuivent leur recherche pour mettre au point des nouveaux antibiotiques toujours plus forts. Néanmoins, il est certain que les bactéries s’y adapteront à nouveaux.
Certains chercheurs travaillent donc sur des solutions alternatives pour lutter contre les bactéries responsables des infections diverses :
- La phagothérapie
- La préservation du microbiote
Promouvoir des actions préventives face aux infections
La vaccination peut être la solution pour protéger les humains de façon préventive contre certaines maladies graves d’origine bactérienne.
Dans le monde, certaines populations sont plus enclines que d’autres à accepter ce genre de thérapie comme alternative à l’utilisation d’antibiotiques. Des vaccins contre les maladies bactériennes, voila des pistes encourageantes pour faire face, dans un futur proche, aux défis de l’antibiorésistance.
Limiter l’usage des antibiotiques
Pour lutter contre la résistance des bactéries aux antibiotiques, la solution la plus évidente peut être de réduire drastiquement leur consommation. Les Français sont les 3ème plus gros consommateurs d’antibiotiques en Europe. En moyenne 130 millions de boîtes de ces médicaments sont délivrés chaque année dans les pharmacies d’officine.
Limiter la consommation d’antibiotiques doit donc passer par une moindre prescription de ce type de traitement par les médecins de ville. Ou à défaut d’un meilleur ciblage des maladies nécessitant un traitement par antibiotiques. Il existe en effet des tests microbiologiques (TDR) pour différencier les origines virales des maladies, des origines bactériennes. Les prescripteurs doivent donc faire le maximum pour s’assurer que les antibiotiques sont fournis à bon escient.
Rappeler l’importance de l’hygiène
Pour se prémunir contre les infections courantes, les mesures d’hygiène de base ne doivent pas être sous évaluées. Les gestes simples comme le lavage des mains au savon, l’utilisation de mouchoirs à usage unique ou encore la prise de distance avec les autres personnes lorsqu’on est touché par une petite maladie, peuvent permettre de mieux contrôler les infections et la transmission de germes.
Le phénomène d’antibiorésistance doit mieux être pris en compte dans la manière de soigner et de se faire soigner. L’utilisation d’antibiotiques doit en effet se faire de façon pondérée et ciblée afin de ne pas compromettre l’efficacité de ce type de traitement. Le pharmacien d’officine a ici un rôle important à faire valoir en termes d’éducation thérapeutique, car près de 90% de la consommation des antibiotiques se fait à domicile, en dehors du cadre hospitalier.
Les principales actions des professionnels officinaux afin d’organiser la lutte contre l’antibiorésistance est donc :
- d’accompagner les patients dans la compréhension de leur prescription,
- de leur déconseiller la pratique de l’automédication,
- de favoriser plutôt le recyclage des antibiotiques une fois leur traitement terminé.
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