Le détournement de l’Ozempic en pharmacie
Depuis quelques mois, le détournement de l’Ozempic en pharmacie est devenu une préoccupation supplémentaire des professionnels de santé parmi la longue liste de leurs difficultés. 3S Santé s’intéresse donc à ce phénomène en évoquant les risques pour les patients et la gestion du détournement de l’Ozempic par les pharmaciens d’officine.
Qu’est-ce que l’Ozempic ?
L’Ozempic est un traitement pharmaceutique indiqué pour réguler efficacement le diabète de type 2. Il s’agit d’un médicament antidiabétique sous forme injectable dont la substance active est le Sémaglutide.
L’Ozempic a été mis sur le marché en 2017 aux USA. En France, l’ ANSM a autorisé sa vente en officine à partir de 2019. Ce médicament ne doit être prescrit par un médecin qu’en cas avéré de Diabète car son objectif est de réguler la glycémie (taux de sucre dans le sang) grâce à son rôle analogue au GLP-1. En effet, ce produit boost la sécrétion d’insuline et réduit la sécrétion de glucagon quand la glycémie est élevée. Tandis qu’il réduit la sécrétion d’insuline sans perturber la libération de glucagon quand la glycémie est basse.
Le mécanisme d’action du Sémaglutide aide à diminuer l’appétit et l’appétence pour les produits gras. Cela implique, de fait, une réduction des apports énergétiques et donc une perte de masse grasse et de poids sur la balance.
Quel est l’attrait de l’Ozempic pour les non diabétiques ?
La problématique du surpoids dans de nombreux pays du monde et le dictat de la minceur véhiculé par les célébrités et dorénavant les influenceurs perdure. Ainsi, la recherche d’un produit miracle qui permette de perdre du poids facilement est toujours d’actualité.
En détournant l’Ozempic de son objectif de base, les personnes cherchent à profiter du mécanisme du Sémaglutide afin de perdre du poids. Ainsi, de nombreuses personnes partagent cette technique « minceur » sur les réseaux sociaux en proposant même des démonstrations avec le stylo injectable.
D’après les chiffres de l’Assurance Maladie, plus de 2200 personnes auraient recours à l’Ozempic en France alors qu’elles ne souffrent pas de diabète. Cela représentait à l’été 2023 près de 1,4% des utilisateurs. Un taux probablement sous-estimé car ne prenant en compte que les remboursements CNAM.
Cet intérêt pour le détournement des médicaments rappelle forcément le plébiscite du Mediator pour ses vertus amaigrissantes.
Les conséquences du détournement de l’Ozempic
Rupture de stocks
Le détournement de l’Ozempic pour perdre du poids reste mineur, mais cela a tout de même des conséquences visibles pour les pharmaciens et les patients.
Ce mésusage accentue ou provoque des tensions d’approvisionnement en pharmacie. L’indisponibilité de ce médicament essentiel met donc directement en danger la santé des personnes diabétiques.
>> Pénurie de médicaments en pharmacie
Risques pour la santé
Comme tout médicament, l’Ozempic peut provoquer des effets secondaires. Ces effets indésirables suggèrent une balance bénéfices risques favorable pour les personnes diabétiques ou souffrant d’un surpoids sévère ou d’obésité avec des facteurs de risque.
En revanche, pour un patient en bonne santé qui chercherait simplement à perdre des kilos en trop, la balance bénéfices / risques défavorable.
Parmi les risques liés à l’usage de l’Ozempic identifiés par l’Agence européenne du médicament (EMA) on retrouve entre autres :
- Troubles gastro-intestinaux : occlusion intestinale, gastroparésie, douleurs abdominales, nausées, ballonnements, vomissements …
- Pancréatites
- Hypoglycémies
De plus, une étude est actuellement en cours pour évaluer les risques des agonistes des récepteurs au GLP-1 sur la santé mentale des patients. Ainsi, les personnes prenant des traitements tels que l’Ozempic, le Trulicity, le Saxenda, le Victoza, le Xultophy ou le Byetta pourraient développer un risque accru d’idées suicidaires et d’automutilation.
Les personnes utilisant ce médicament antidiabétique en tant que produit coupe-faim sont souvent mal informées. Non seulement sur tous le risques potentiels pour leur propre santé, mais aussi santé des vrais diabétiques de type 2 ayant besoin de ce traitement pour vivre avec leur maladie chronique.
Les conseils du pharmacien pour éviter le mésusage de l’Ozempic
Vérifier l’ordonnance
On remarque une hausse des fraudes aux fausses ordonnances en pharmacie. L’Ozempic étant un médicament disponible uniquement sur prescription médicale, certains n’hésitent pas à falsifier une ordonnance pour se procurer ce médicament antidiabétique sans l’accord de leur médecin.
Les professionnels d’officine doivent donc être vigilants vis-à-vis des ordonnances préconisant la délivrance d’Ozempic. Tout signe de mésusage ou d’abus doit être signalé aux autorités compétentes.
Donner des conseils hygiéno-diététiques
En dehors de la dispensation de médicaments, le pharmacien est aussi habilité à donner des conseils pour prendre soin de sa santé au quotidien. En ce qui concerne les objectifs de perte de poids chez l’adulte, le pharmacien peut conseiller à son patient des habitudes simples Sans préconiser de régime particulier, il peut rappeler notamment que l’alimentation et l’activité sont les premières bases à respecter pour retrouver un poids de forme.
Les régimes draconiens ou produits pharmaceutiques ne doivent pas être perçus comme des solutions miracles. En effet, sans bonnes habitudes alimentaires et sportives à long terme, le poids perdu pendant la prise de l’Ozempic sera repris rapidement.
Eduquer les patients sur l’achat de produits de santé hors officine
De plus en plus de médicaments et produits pharmaceutiques sont accessibles en ligne que ce soit via des e-pharmacie ou pire encore, des réseaux de ventes illégaux. Il est dangereux de s’approvisionner en produits de santé en dehors des circuits officinaux classiques.
Les pharmacies proposent en complément des médicaments, une explication complète du traitement afin que le patient en fasse une utilisation éclairée et soit conscient des risques d’effets secondaires.
Orienter vers des professionnels de santé spécialisés
Face à des patients luttant contre leur surpoids, les simples conseils hygiéno-diététiques seront souvent insuffisants. Certains cas de surpoids ou d’obésité sont multi factoriels et nécessitent l’accompagnement de professionnels de santé spécialisés comme des nutritionnistes.
Le détournement de l’Ozempic en pharmacie représente un problème de santé publique. Cela requiert une vigilance accrue de la part des pharmaciens. Grâce à des conseils santé et de la prévention sur l’usage des médicaments, les professionnels d’officine peuvent participer à la lutte contre les phénomènes de mode dangereux pour la santé.
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