Quelles conséquences quand un patient ne respecte pas sa prescription médicale ?
Certaines questions reviennent régulièrement au comptoir des officines. Si elles ne sont pas toujours formulées par les patients, les pharmaciens savent lire entre les lignes. Leur rôle est alors de répondre aux interrogations des visiteurs et de leur donner les meilleurs conseils afin qu’ils prennent soin de leur santé. Pour les accompagner, 3S Santé répond aujourd’hui à la question suivante : quelles conséquences quand on ne respecte pas la prescription médicale ?
C’est en effet un sujet important, car selon les dernières études Ifop, 1 Français sur 2 ne respecterait pas la prescription du médecin …
Pourquoi les patients ne respectent pas toujours la prescription médicale ?
Lorsque le patient récupère des traitements médicamenteux, c’est généralement parce qu’il a initié une démarche médicale, avec entre autres, un rendez-vous chez son médecin généraliste ou spécialiste, suivi d’une délivrance de médicaments auprès du pharmacien d’officine.
S’il effectue toutes ces actions préalables pour se soigner, c’est donc qu’il se rend compte de leur intérêt pour sa santé et son bien-être. Mais alors, pourquoi tant de personnes ne respectent pas leur prescription médicale ?
Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte selon la situation et les capacités du patient :
- La complexité du traitement : cela peut arriver notamment quand le patient doit prendre plusieurs préparations pharmaceutiques en simultanée, avec des dosages et des fréquences différentes
- La durée et la récurrence du traitement : pour des traitements de plus d’une semaine, et surtout pour les personnes atteintes de maladies chroniques qui doivent prendre un traitement sur le long terme, le risque d’oubli ou d’erreur devient important et peu parfois mener à un arrêt pur et simple du traitement.
- La tolérance au traitement : certains médicaments peuvent générer des effets secondaires qui sont mal supportés par le malade. Notamment les nausées et autres troubles digestifs, la somnolence… Face à ces effets indésirables, le patient est tenté d’interrompre le traitement avant la fin.
- La forme galénique et la présentation du traitement : influent grandement sur le respect de la prescription. La difficulté à ouvrir la boîte, la forme, la grosseur ou la couleur des comprimés peuvent dissuader les malades de suivre leur traitement convenablement. Confusion entre les médicaments liés à leur ressemblance, difficulté à avaler le médicament …
- L’efficacité thérapeutique : régulièrement, le patient décide d’arrêter ses médicaments prématurément, car il s’estime lui-même guéri et juge inutile de poursuivre le traitement tel qu’indiqué sur la prescription. En situation inverse, s’il estime que le médicament n’est pas assez efficace et que son état de santé ne semble pas s’améliorer, il sera également tenté d’arrêter.
- L’acceptabilité du traitement : lorsque le patient ne comprend pas l’intérêt du traitement par rapport à son état de santé, il sera plus tenté de déroger à sa prescription.
Les 10 grandes conséquences du non-respect de la prescription médicale
Les conséquences individuelles en cas de mauvaise observance thérapeutique
L’inefficacité thérapeutique
Un traitement qui n’est pas suivi à la lettre par rapport à l’ordonnance du médecin risque de ne pas avoir l’effet escompté sur ce dont souffre le patient.
En effet, avec un dosage inadapté, des prises irrégulières ou un arrêt anticipé, les produits pharmaceutiques n’assureront pas une efficacité optimale.
Les rechutes
Ne pas respecter sa prescription peut favoriser les rechutes face à certaines pathologies. En effet, les ruptures thérapeutiques entraînent souvent une augmentation de la fréquence et de l’intensité des rechutes et mènent hélas à des hospitalisations plus ou moins longues.
Le risque vital
Le non-respect des prescriptions peut également aboutir à des situations funestes. Dans le cadre de traitement contre le diabète, l’insuffisance rénale ou encore des maladies cardiaques, un mauvais suivi du traitement peut induire des problèmes de santé extrêmement graves, voire entraîner la mort du patient si la dégradation de son état de santé n’a pas été détecté à temps.
Le sevrage brutal
Le patient n’en a souvent pas conscience, mais certaines molécules présentes dans les médicaments nécessitent des précautions particulières en fin de traitement. Une coupure nette risque effectivement de mettre le corps en situation de sevrage brutal. C’est pour cela qu’il est indispensable de demander l’avis de son médecin ou de son pharmacien avant de modifier ou de stopper un traitement.
Le surdosage
Il peut arriver que des patients souffrent de surdosage suite à certaines interprétations personnelles de l’ordonnance. Prendre 2 doses en même temps pour combler l’oubli de la prise précédente, écraser les médicaments pour faciliter la déglutition … Par intention de bien faire, les personnes se mettent parfois en danger sans penser à mal.
Par exemple, écraser un médicament à libération prolongée provoque une absorption brutale de la substance active, et donc une surdose potentiellement dangereuse.
Les complications médicales
Des symptômes mal soignés sont souvent des facteurs de réinfection à moyen long terme. Une mauvaise gestion du traitement pour des petits maux hivernaux ou des maladies chroniques ouvrent en effet la porte aux complications en tous genres et nécessitent ensuite des consultations supplémentaires avec des professionnels de santé.
L’accumulation des médicaments
En ratant des prises et en clôturant le traitement avant son terme, le malade se retrouvera indéniablement avec un surplus de médicaments dans son armoire à pharmacie. Cette disponibilité de produits pharmaceutiques pourra faciliter par la suite l’automédication à domicile. Une pratique fortement déconseillée par les professionnels de santé, mais pourtant, très courante en France.
Les hospitalisations
Les divers problèmes mentionnés précédemment (rechutes, risque vital, surdosage …) peuvent générer des complications médicales telles, que le patient devra bénéficier de soins médicaux beaucoup plus importants et être admis à l’hôpital.
Les conséquences collectives de la non observance
Le développement de l’antibiorésistance
Lorsque les maladies sont liées à des microbes et des bactéries, le médecin prescrit généralement des antibiotiques adaptés au type d’infection. Il est alors primordiale de respecter scrupuleusement le traitement sur toute sa durée tout en veillant au respect de la posologie prescrite.
En effet, au fil du temps les bactéries évoluent et deviennent naturellement plus résistante pour tenter de survivre. Lorsque vous ne suivez pas bien votre traitement vous n’éradiquez pas complètement les bactéries et celles-ci se familiarisent avec les médicaments.
Survient alors le phénomène d’antibiorésistance. En développant une résistance accrue aux antibiotiques les bactéries deviennent alors de plus en plus difficiles à combattre et certaines personnes ne parviennent pas à se soigner.
On estime que 13 000 personnes meurent suite à des problèmes d’antibiorésistance chaque année.
>> Le rôle du pharmacien dans la lutte contre l’antibiorésistance
Le surcoût économique
Les conséquences médicales induites par la non observance des traitements devient un enjeu public puisqu’elles engendrent des complications, voire des hospitalisations.
Toute hospitalisation est couteuse pour la sécurité sociale et la population française en général. Cette surconsommation des ressources humaines et financières imputable à un non-respect de prescription médicale peut donc alerter. Surtout lorsque ces situations sont jugées évitables dans la plupart des cas.
Le rôle du pharmacien dans le respect de la prescription médicale par le patient
Grâce à sa proximité avec les patients, le pharmacien est considéré comme un acteur clé dans la bonne observance des traitements prescrits par le corps médical.
Ainsi, même si la plus grande partie de la responsabilité incombe au médecin prescripteur, le pharmacien d’officine a également un rôle à jouer auprès du patient pour l’encourager à suivre scrupuleusement la prescription médicale.
Lorsqu’il délivre les médicaments au patient, il doit donc prendre le temps de réexpliquer l’intérêt et la posologie de chaque produit afin d’y faire adhérer le patient.
Dans certains cas, c’est au pharmacien ou à son équipe en officine qui revient la responsabilité de préparer les piluliers afin de faciliter la prise du traitement par les personnes âgées. Cette mission pouvant également être attribuée à une infirmière ou un infirmier à domicile.
En échangeant régulièrement avec leurs patients, les pharmaciens peuvent tenter de recueillir d’en savoir plus concernant l’observance des traitements. En fonction des informations recueillies, il peut proposer, avec l’accord du médecin, une légère modification du traitement ou des produits complémentaires. Cela pourra permettre de mettre fin aux effets secondaires et d’améliorer le confort de vie des malades.
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