3S Santé

Le 30 avril marque la Journée mondiale de l’accessibilité. Cette date nous invite à réfléchir aux freins (visibles ou invisibles) qui limitent l’accès des personnes en situation de handicap à de nombreux services du quotidien. En tant qu’espace de santé de proximité, la pharmacie d’officine a un rôle essentiel à jouer pour garantir à chacun un accueil et un accompagnement dignes, quel que soit son handicap. Mais concrètement, qu’implique l’accessibilité pour une officine ? À qui s’adresse-t-elle ? Quelles sont les obligations légales, les bonnes pratiques et les services complémentaires à envisager ? Pour mieux comprendre ces enjeux, 3S Santé répond à 10 questions clés sur l’accessibilité en pharmacie.

L’accessibilité c’est quoi ?

L’accessibilité désigne la capacité pour une personne, quel que soit son handicap ou ses difficultés, à accéder à un lieu, un service ou une information de manière autonome et dans les meilleures conditions possibles.

En quoi la pharmacie est concernée par la loi sur l’accessibilité ?

La pharmacie est un Établissement Recevant du Public (ERP). L’officine n’est pas uniquement un commerce spécialisé, c’est un lieu qui participe au suivi médical des Français et permet de mettre en œuvre des campagnes de Santé Publique.

À ce titre, elle est soumise à la réglementation sur l’accessibilité prévue par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances.

Cette loi impose aux ERP de mettre leurs locaux et leurs services en conformité avec les normes d’accessibilité.

Qui peut être concerné par l’accessibilité en pharmacie ?

Quand on pense « accessibilité », on imagine souvent uniquement les personnes en fauteuil roulant. Pourtant, dans la réalité, les aménagements pensés pour palier le handicap profitent à un public bien plus large :

Les personnes âgées

Avec l’âge, les capacités physiques diminuent (mobilité réduite, perte d’équilibre, troubles de la vue ou de l’audition). Une pharmacie accessible facilite leur autonomie et leur confort lors de leurs déplacements et de leurs achats de santé.

Les femmes enceintes

En fin de grossesse, il devient parfois difficile de franchir des marches, de rester longtemps debout…

Les parents avec poussette

On peut avoir besoin de se rendre en pharmacie en étant accompagné d’un bébé ou d’un enfant en bas âge et donc d’une poussette.

Les patients blessés ou en convalescence

Une jambe dans le plâtre, une béquille temporaire, ou une fatigue extrême due à une maladie… Autant de situations qui peuvent nécessiter quelques adaptations pour faciliter l’accès et la prise en charge par l’équipe officinale.

Ainsi, l’accessibilité est un sujet universel qui profite à tous. Une raison de plus de s’y intéresser et d’y contribuer chacun à son niveau.

Y a-t-il des normes à respecter pour la mise en accessibilité de sa pharmacie d’officine ?

Oui. En tant qu’Établissement Recevant du Public (ERP), une pharmacie d’officine doit respecter un certain nombre de normes techniques précises pour être considérée comme accessible. Ces normes sont définies par la loi et précisées par divers décrets

Les principales exigences sont les suivantes :

• Accès extérieur facilité :
  L’entrée doit être de plain-pied ou équipée d’une rampe d’accès conforme (pente douce, main courante si besoin). La porte doit être suffisamment large pour laisser passer un fauteuil roulant (au minimum 90 cm).
• Circulation intérieure adaptée :
  Les allées entre les rayonnages doivent permettre le croisement de deux personnes, dont au moins une en fauteuil roulant. Cela implique une largeur de passage d’au moins 1,40 mètre, ou à défaut 90 cm avec des espaces de croisement.
• Mobilier accessible :
  Le comptoir doit comporter une zone abaissée (entre 70 cm et 80 cm de hauteur) pour permettre les échanges avec une personne assise ou en fauteuil.
• Sanitaires accessibles (si existants pour le public) :
  Ils doivent être adaptés en termes de dimensions, d’accès, d’équipements et de signalisation.
• Signalétique claire :
  Les informations importantes doivent être lisibles, compréhensibles et visibles, y compris par les personnes malvoyantes.
• Sécurité et confort :
  Un sol non glissant, un éclairage adapté, et l’absence d’obstacles dangereux sont également des éléments essentiels.

Ces normes visent à garantir à toutes les personnes, quel que soit leur handicap, une autonomie maximale et un accès équitable aux soins

Puis-je bénéficier d’une dérogation pour l’accessibilité de mon officine ?

Dans certains cas spécifiques, il est possible de demander une dérogation aux obligations d’accessibilité.
Mais attention : la dérogation n’est pas automatique. Elle doit être justifiée et acceptée par la préfecture après avis de la commission compétente.

Voici les principaux motifs pour lesquels une dérogation peut être envisagée :

• Impossibilité technique liée au bâtiment existant 
• Contraintes liées au terrain
• Disproportion manifeste entre le coût des travaux et les ressources de la pharmacie

Comment rendre ma pharmacie plus accessible au handicap moteur ?

Le handicap moteur est souvent celui auquel on pense en premier lorsqu’on évoque l’accessibilité.
Pour bien accueillir les personnes ayant des difficultés de déplacement (fauteuil roulant, canne, prothèse, déambulateur…), quelques aménagements essentiels sont à prévoir pour permettre à chaque personne de circuler librement en conservant un maximum d’autonomie et d’indépendance.

À l’extérieur de l’officine

• Entrée sans obstacle : supprimer les marches ou installer une rampe d’accès conforme (pente maximale de 5 % sans palier de repos, sinon 8 % sur 2 mètres ou 10 % sur 50 cm maximum).
• Porte automatique ou facile à ouvrir : elle doit permettre une ouverture d’au moins 90 cm pour le passage d’un fauteuil. Si la porte est manuelle, elle doit être légère ou équipée d’une assistance.
• Signalisation claire : indiquer l’entrée accessible par des pictogrammes visibles.

À l’intérieur de l’officine

• Allées dégagées : prévoir une largeur minimale de 90 cm, avec si possible des espaces de croisement de 1,40 m.
• Comptoir abaissé : une partie du comptoir doit être située entre 70 et 80 cm de hauteur pour être utilisable par une personne assise.
• Espace d’attente : proposer un siège ou un espace libre pour patienter sans gêne.
• Revêtement de sol antidérapant : pour éviter les chutes.

Services complémentaires

• Proposer un service d’aide à la personne : par exemple, une livraison de médicaments à domicile ou la préparation des commandes à l’avance.
• Former l’équipe pour offrir une assistance adaptée, tout en respectant l’autonomie du patient (demander avant d’aider, respecter son rythme….).

Comment adapter la prise en charge en pharmacie pour des patients atteints d’un handicap sensoriel ?

Les handicaps sensoriels regroupent principalement les troubles visuels (malvoyance, cécité) et auditifs (surdité partielle ou totale).

Accueillir ces patients nécessite des adaptations dans la communication et l’environnement. De même, il faut s’assurer que les informations et conseils soient disponibles sous plusieurs formes : orale, écrite, voire numérique.

Pour les patients avec une déficience visuelle

• Faciliter l’orientation :
   Utiliser un éclairage homogène et suffisant, éviter les obstacles au sol (tapis, paniers non rangés) et privilégier des contrastes visuels sur les portes ou les équipements.
  Informer autrement :
   Lire les notices ou les posologies à haute voix si besoin. Proposer des étiquettes en gros caractères ou l’utilisation d’applications mobiles de lecture.
• Guider avec respect :
   En cas de besoin, proposer son bras pour guider le patient en lui demandant toujours son accord. Ne jamais tirer ou pousser.

Pour les patients malentendants ou sourds

• Adapter la communication :
  Parler face au patient, articuler distinctement sans élever la voix, utiliser des gestes simples et des supports visuels si nécessaire (affiches, brochures, schémas, supports pour écrire).
• Utiliser des outils d’assistance :
  Une tablette ou un smartphone avec une application de transcription écrite peut faciliter les échanges. Certains services utilisent aussi des systèmes de traduction en langue des signes.
• Être patient et attentif :
  Laisser le temps au patient de comprendre les informations et de poser ses questions.

En résumé, un patient atteint d’un handicap sensoriel peut être parfaitement autonome, à condition de lui fournir les bons outils et le bon accompagnement pour comprendre, se repérer et accéder aux services de santé.

Comment bien accompagner un patient atteint d’un handicap cognitif ou mental ?

Les handicaps cognitifs et mentaux regroupent des situations très variées :
 troubles du spectre de l’autisme, trisomie 21, troubles dys (dyslexie, dysphasie…), troubles de la mémoire, ou encore maladies psychiatriques.

L’accueil et la prise en charge doivent être adaptés avec bienveillance et simplicité.

Quelques principes essentiels pour une bonne prise en charge en officine

• Favoriser un environnement calme :  Limiter les bruits forts, les files d’attente trop longues, ou les sollicitations multiples qui peuvent être sources de stress.
• Adapter la communication :  Parler clairement, simplement et en phrases courtes. Utiliser des supports visuels (pictogrammes, dessins) si nécessaire. Reformuler doucement pour s’assurer de la bonne compréhension.
• Faire preuve de patience et d’écoute : Laisser au patient le temps de répondre, éviter de l’interrompre ou de lui mettre la pression.
• Impliquer un aidant si besoin : Lorsque cela est possible et souhaité par le patient, travailler en collaboration avec un aidant (famille, éducateur, tuteur légal) pour sécuriser la délivrance du traitement.
• Respecter l’autonomie : Même en cas de difficultés d’expression ou de compréhension, il est important de considérer le patient comme acteur de son parcours de soins.

En résumé, accompagner un patient ayant un handicap cognitif ou mental en pharmacie, c’est avant tout s’adapter à son rythme, simplifier l’information et valoriser ses capacités.

Comment rendre ma pharmacie plus accessible pour un membre de mon équipe ?

L’accessibilité ne concerne pas exclusivement les patients : un collaborateur en situation de handicap doit également pouvoir exercer ses missions dans des conditions adaptées et dignes.

85% des handicaps sont acquis au cours de la vie.
1 français sur 5 est concerné par un handicap, soit 12 millions de personnes.

Si pendant les études de pharmacie ou en début de carrière vous n’aviez vous-même ou les membres de votre équipe officinale, aucun problème de santé invalidant ou handicap, il est possible qu’un handicap temporaire ou permanent survienne. 

Ainsi, penser l’accessibilité de la pharmacie est important aussi derrière le comptoir.

Permettre à chacun de travailler dans un environnement sûr, confortable et respectueux, tout en valorisant les talents au service des patients. 

Cela peut passer par:

• L’aménagement du poste de travail : mobilier ergonomique, espace de circulation, rangements accessibles, aménagement d’un coin repos…
• La sensibilisation et la formation : apprendre les bonnes postures pour se protéger des TMS, être informé sur la RQTH…
• L’organisation du travail : adaptation des horaires et des pauses…

Quels services complémentaires proposer pour mes patients en situation de handicap ?

Au-delà de l’accessibilité physique, proposer des services adaptés est un moyen concret d’améliorer la qualité d’accueil et d’accompagnement en officine.

Quelques idées de services accessibles et appréciés pour la pharmacie

• Préparation des commandes à l’avance :  Proposer un service de commande par téléphone ou en ligne pour limiter l’attente en officine.
• Livraison à domicile : Particulièrement utile pour les patients à mobilité réduite ou souffrant de fatigabilité.
• Mise en place d’horaires aménagés : Offrir des créneaux plus calmes pour les patients ayant besoin de plus de temps ou d’un environnement apaisé.
• Formation de l’équipe au handicap : Sensibiliser l’ensemble des collaborateurs pour assurer un accueil respectueux, bienveillant et sans stéréotype.
• Accessibilité numérique : Si votre pharmacie possède un site Internet, veillez à ce qu’il soit compatible avec les outils d’assistance numériques (lecteurs d’écran, navigation simplifiée…).

En proposant ces services complémentaires, l’officine devient un véritable espace de santé inclusif, renforçant son rôle de proximité et de confiance auprès de tous les patients.

L’accessibilité en pharmacie ne se limite pas au respect des obligations légales : c’est avant tout une démarche d’accueil, de respect et d’inclusion.
En adaptant l’espace, les services et l’accompagnement, chaque officine peut devenir un lieu de santé véritablement ouvert à tous.
Au quotidien, ce sont souvent des gestes simples qui font toute la différence pour mieux répondre aux besoins de chaque patient.

Chez 3S Santé, les professionnels de pharmacie que nous mettons à disposition des titulaires sont sensibilités à ces enjeux et savent comment bien prendre en charge tous types de patients selon leurs difficultés et leurs besoins.

Pour vos recrutement et remplacement en pharmacie faites confiance à 3S Santé ! Contactez-nous au 01 40 500 600 ou sur contact@3ssante.com

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