Le rôle du pharmacien auprès des patientes souffrant d’endométriose
La semaine du 6 au 12 mars est consacrée à la semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose. Pour coller à l’actualité et accroitre les connaissances autour de cette maladie qui touche entre 10 et 15% des femmes, 3S Santé vous propose de découvrir le rôle du pharmacien auprès des patientes souffrant d’endométriose !
Vivre avec l’endométriose au quotidien
Qu’est-ce que l’endométriose ?
L’endométriose se caractérise par la présence de tissu de l’endomètre (fragments de la muqueuse utérine) en dehors de la cavité utérine.
Lors d’un cycle menstruel classique, après l’ovulation, la muqueuse utérine s’épaissit afin de pouvoir accueillir un ovule fécondé et permettre la nidation. S’il n’y a pas de fécondation, la muqueuse utérine se désagrège naturellement et les règles ont lieu.
Avec l’endométriose, on remarque qu’au lieu de s’évacuer ou d’être détruites par le système immunitaire, certaines cellules de l’endomètre se répandent en dehors de l’utérus et viennent se déposer sur d’autres organes (ovaires, trompes de Fallope, péritoine, ligaments utérins, organes digestifs, diaphragme, paroi abdominale interne, vessies et uretères …).
Elles provoquent alors une réaction inflammatoire et génèrent des lésions et cicatrices. A la fin de chaque cycle, quand les règles surviennent, le tissu endométrial réagit et se met à saigner.
Les cas sont rares, mais il arrive que les lésions d’endométriose ne se fixent pas uniquement dans la zone abdomino-pelvienne. Elles migrent encore plus loin dans le corps (ex : dans les poumons).
L’endométriose est une maladie qui peut se développer dès la puberté et qui régresse à partir de la ménopause.
Les symptômes de l’endométriose
L’endométriose est une maladie inflammatoire complexe qui génère différents maux. Voici les principaux symptômes à connaître et reconnaître :
- Des douleurs de règles très fortes qui ne se calment pas malgré des médicaments
- Des troubles digestifs ou problèmes urinaires qui surviennent avant et pendant les règles
- Des douleurs lors des rapports sexuels
- Une sensation de fatigue chronique intense et quotidienne
Les lésions ne se localisent pas au même endroit d’une femme à l’autre et ne provoquent pas les mêmes symptômes. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est difficile de poser avec certitude le diagnostic de cette maladie. Il existe d’autres pathologies féminines qui peuvent provoquer des symptômes similaires (congestion pelvienne, SOPK…)
De plus, l’endométriose peut s’infiltrer profondément dans les organes et ne causer que des douleurs mineures, tandis que des lésions superficielles peuvent être extrêmement douloureuses et invalidantes.
Tous ces symptômes ont un retentissement incontestable sur la vie privée, sociale et professionnelle des femmes. C’est pourquoi une meilleure prise en charge de l’endométriose doit être mise en place. L’objectif est d’approfondir les connaissances sur cette maladie et d’aider les femmes à améliorer leur qualité de vie en dépit de la maladie.
Chiffres clés sur l’endométriose
1 femme sur 10 souffre d’endométriose en France
Cela représente entre 1,5 et 2,5 millions de femmes dans le pays
25 – 40 ans : c’est la tranche d’âge qui est la plus touchée par cette maladie gynécologique
Dans 70% des cas, le premier symptôme évocateur de l’endométriose est une douleur intense durant la période des règles
7 ans : c’est le temps nécessaire pour que le diagnostic d’endométriose soit posé après l’apparition des premiers symptômes
89% des femmes souffrant d’endométriose estiment que cette maladie a perturbé leur vie professionnelle
30% à 40% des femmes touchées par l’endométriose rencontrent des problèmes de fertilité
1/3 des endométrioses peuvent se stabiliser, voire régresser avec un traitement adapté.
Samedi 25 mars 2023 : marche mondiale pour l’endométriose organisée par Endomarch. Cet événement est organisé chaque dernier samedi du mois de mars.
Chiffres obtenus via l’association Endo France et l’Inserm
Quelles solutions pour soulager l’endométriose ?
Les médicaments antalgiques
En cas de dysménorrhées, le premier traitement médicamenteux proposé pour réduire les douleurs est le paracétamol. Celui-ci peut-être accompagné d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
Les antalgiques sont une bonne solution en début de maladie.
Cependant, plus le temps passe, moins les antidouleurs font effet. Cela oblige les patientes à recourir à des médicaments plus forts (niveau 2, voire niveau 3 : morphine) pour supporter les douleurs.
Le traitement hormonal
L’endométriose est une maladie œstrogèno-dépendante. En régulant les hormones grâce à un traitement adapté, il est possible de stabiliser les lésions et de les faire s’assécher progressivement. Cela permet dans le même temps de limiter l’inflammation et de réduire les douleurs.
Le traitement hormonal consiste tout simplement à prendre une pilule en continu afin de bloquer le cycle et d’annuler artificiellement les règles. Cette solution propose une balance bénéfices/risques acceptable. Néanmoins, il existe tout de même des inconvénients et effets secondaires tels que la prise de poids, la perte de libido …
Il faut donc tester différentes pilules ou différents dosages pour trouver une solution qui convienne à la patiente. Pas d’inquiétude à avoir quant à la prise de pilule sans interruption. Cela n’impacte en rien la réserve ovarienne ou la fertilité des femmes.
La chirurgie
En cas d’endométriose sévère et lorsque les solutions évoquées précédemment n’ont pas eu l’effet escompté pour soulager la patiente, une dernière option est envisageable.
Il s’agit d’une opération chirurgicale ayant pour but d’éliminer les kystes et les adhérences issus des fragments d’endomètre.
L’intervention ne permet pas de soigner définitivement l’endométriose, car de nouvelles lésions peuvent réapparaître avec les menstruations.
Il existe de plus un risque non négligeable d’incontinence après l’opération.
Les approches complémentaires
La gestion de la douleur est un domaine aussi complexe que varié. En complément de leur suivi médical, certaines femmes tentent différentes techniques alternatives pour mieux supporter les douleurs et désagréments liés à l’endométriose.
En effet, quand la douleur devient chronique, voire neuropathique, toutes les solutions sont les bienvenues pour se sentir mieux et moins subir les effets secondaires. Ainsi, la HAS (Haute Autorité de Santé) suggère différentes techniques douces en tant que soins supports :
- Yoga
- Relaxation
- Acupuncture
- Ostéopathie
- Hypnothérapie
- Sophrologie
- Kinésithérapie viscérale
- Phytothérapie
Ces approches, liées pour la plupart à la médecine douce, peuvent avoir un réel impact sur le bien-être physique et moral des femmes.
Le pharmacien et son rôle auprès des femmes souffrant d’endométriose
Sensibiliser la patientèle à cette maladie féminine
Si on parle de plus en plus de cette maladie qui touche les femmes en âge de procréer, elle est encore méconnue par le grand public et même certains professionnels de santé.
Le rôle du pharmacien au sujet de l’endométriose peut donc être de sensibiliser et de donner des conseils aux patients qui viennent en officine. Mieux connaître les symptômes peut permettre de réduire le délai moyen du diagnostic de l’endométriose, mais aussi d’éviter que les lésions se propagent.
Le pharmacien et la pharmacienne étant considérés comme des professionnels de santé de confiance, il peut être plus facile d’échanger avec eux sur ce sujet intime.
Une femme se plaint de dysménorrhées ? Avec son accord vous pouvez creuser un peu le sujet et lui donner quelques informations clés sur cette maladie (sans la faire paniquer). De nombreuses brochures sont disponibles pour expliquer l’endométriose.
Accompagner les patientes dans la gestion de la douleur
Si les pharmaciens ne peuvent pas diagnostiquer l’endométriose sur de simples échanges ou entretiens pharmaceutiques, ils sont néanmoins des professionnels de santé indispensable au quotidien.
Le pharmacien d’officine est là pour délivrer les médicaments prescrits par le médecin traitant. Il conseille la patiente sur la posologie à respecter concernant les produits pharmaceutiques.
Il peut aussi donner d’autres astuces sur la gestion de la douleur avec l’utilisation de bouillotte par exemple.
De même, de plus en plus de pharmaciens et pharmaciennes développent une expertise en phytothérapie et peuvent donc proposer un traitement complémentaire basé sur les plantes.
Les conseils Phytothérapie de Mathilde
- Endometix : il contient de la potentille ansérine qui a comme propriété de réguler les règles. Elle aurait également un effet antispasmodique (pour soulager les douleurs de l’utérus). Ce complément alimentaire contient également du zinc, de la vitamine C, du sélénium (antioxydants) et de la vitamine B3 pour lutter contre la fatigue.
- Feminabiane endo calm du laboratoire Pileje : il contient de l’alchémille, qui a les mêmes propriétés que la potentille : contribue à un bon équilibre du cycle menstruel et apaise en cas d’inconfort. Il contient également des probiotiques pour équilibrer la flore intestinale et du PEA (Palmitoyléthanolamide) qui aiderait à calmer les douleurs.
- Taïdo endometra : il est composé de resvératrol (issu du raisin, il diminuerait la croissance des tissus de l’endomètre), de vitamines C et E et de sélénium pour le côté anti-oxydatif, de magnésium et de vitamine B3 pour limiter la fatigue et de zinc et de la vitamine B9/acide folique pour favoriser la conception.
Ces compléments sont à conseiller par exemple aux femmes qui
recherchent des solutions naturelles pour calmer leurs douleurs de règles ou qui veulent diminuer leur consommation d’anti-douleurs (AINS et paracétamol).
Orienter les femmes vers des structures spécialisées dans l’endométriose
Même s’il est encore impossible de soigner l’endométriose à l’heure actuelle, la prise en charge des femmes évolue dans le bon sens en France.
De plus en plus de professionnels de santé sont formés à cette maladie et peuvent donc proposer aux femmes des soins adaptés à leur état de santé et à leur projet de vie.
En 2022, la start-up française Ziwig a mis au point un test salivaire permettant de détecter la maladie en quelques jours. Ce procédé révolutionnaire pourrait grandement accélérer le diagnostic et faciliter la prise en charge de chaque femme souffrant d’endométriose. L’endotest devrait arriver sur le marché prochainement. Les autorités de santé évaluent son intégration dans le parcours de soin, mais aussi son potentiel remboursement par la sécurité sociale.
Les professionnels d’officine de l’agence d’intérim 3S Santé prennent à cœur les sujets de santé publique comme l’endométriose. Ainsi, lorsqu’ils partent en mission chez un titulaire, ils peuvent répondre à toutes les sollicitations que peuvent avoir les patients qui se rendent en pharmacie.